A TERRA MATER
Déesse et Histoire Déesse et Nature Déesse et Sexualité Déesse et Chamanisme Déesse et Mythologie
Bibliograghie Sites à visiter


DÉESSE ET HISTOIRE



LIRI-Creations graphiques ©Stephanie Pui-Mun Law

 

Le Paléolithique et le Néolithique


Déesse de la fécondité et de la fertilité

Le Culte de la Déesse Mère




Le Paléolithique et le Néolithique



Les origines matrilinéaires et le culte des Ancêtres.

Les origines matrilinéaires (filiation par la mère) reposent comme nous l'explique S.G.F BRANDON, professeur de religion comparée de l'Université de Manschester, en Angleterre :
" L'origine de l'embryon qui se développe dans le ventre maternel est sans aucun doute un mystère aux yeux de l'homme primitif... étant donné le temps qui sépare la fécondation de la naissance, il est probable que ce dernier a accordé une signification et une valeur à la gestation et à la naissance bien avant de comprendre que ces phénomènes étaient le résultat de la conception lors du coït."

"James FRAZER, Margaret MEAD et d'autres anthropologues ont démontré que dans les premières étapes du développement de l'humanité, lorsque les hommes ne connaissaient pas encore le mystère de la fécondité humaine ni la relation entre le coït et l'enfantement, on vénérait la femme comme source de vie. La participation des hommes à la reproduction n'étant pas encore connue, on croyait que seules les femmes pouvaient se reproduire." 'Léonard Cottrell'.

Dans ce cas la mère devait être considérée comme l'unique chef de famille et la seule responsable de la génération future. La descendance familiale s'effectuait selon la lignée des femmes, c'est-à-dire de mère en fille. Dans de telles sociétés, les noms, les titres, les biens et les droits territoriaux se transmettaient par la lignée des femmes, afin de les conserver à l'intérieur du clan. Les origines des croyances et des rituels religieux ainsi que leurs liens avec le système matrilinéaire constituent le second ensemble de preuves. Les notions religieuses des tous premiers homo sapiens se sont développées à partir de cette quête de l'origine première de la vie (qui constitue le noyau de toute pensée théologique). "Dans les sociétés du paléolithique supérieur, où la mère était considérée comme la seule et unique parente, où le culte des ancêtres constituait apparemment la base des rites sacrés et où la généalogie ne tenait compte que de la lignée des femmes, l'image que le clan se faisait du créateur de la vie humaine était celle de la toute première femme qui fut déifiée comme l'Ancêtre Divine. Les nombreuses statuettes de femmes , qui ont été très souvent appelées Vénus nous en fournissent d'autres preuves tangibles. Bien qu'on a pas encore établi de liens formels entre les statuettes féminines du paléolithique et l'émergence du culte de la Déesse dans les sociétés néolithiques et antique du Proche et Moyen Orient, du bassin méditerranéen et de l'Orient."
(Merlin STONE - Quand Dieu était Femme.)

Selon le poète et mythologue Robert GRAVES, "d'après les outils et les mythes qui nous sont parvenus, la totalité de l'Europe néolithique possédait un ensemble de concepts religieux remarquablement homogène, centré autour du personnage de la Déesse Mère aux si nombreuses appellations, et qu'on connaissait aussi en Syrie et en Libye... La grande Déesse était immortelle, immuable et omnipotente, et le concept de père n'était pas encore apparu dans la pensée religieuse."

Nous arrivons à l'invention de l'écriture avec laquelle débute la période historique, à la fois à Sumer (dans le sud de l'Iraq) et en Egypte 3000 ans avant notre ère. A l'époque historique, la Déesse Mère est vénérée dans tous le Proche et Moyen Orient. Malgré les nombreuses transformations qui ont affecté la religion de la divinité femme au cours des siècles, son Culte subsistera jusqu'aux périodes classiques gréco-romaines. Il ne disparaîtra complètement qu'en l'an 500 de notre ère, date à laquelle les empereurs chrétiens de Rome et de Byzance fermèrent les derniers temples de la Déesse. Mais son culte perdura certainement encore longtemps d'une façon souterraine, enfouie et mystérieuse comme nous le prouve Apulée et certainement bien d'autres.




GODLET - CREATION STEVE BENNET






Déesse de la fécondité et de la fertilité



L'Ancêtre Divine, que la plupart des auteurs surnomment la Déesse Mère, était la divinité suprême de toutes les sociétés néolithiques et du début du chalcolithique, pour qui Elle représentait non seulement la reproductrice de toute vie humaine mais aussi la source de toutes les récoltes. "Les premières tentatives d'agricultures se sont déroulées autour des autels de la Déesse-Mère, qui furent autant d'autre échanges économiques et sociaux que des lieux sacrés. C'est là qu'il faut chercher le germe des cités futures." Écrivit C. Dawson.

"On ne peut dire avec certitude si le culte très ancien qui gravitait autour des processus mystérieux de la naissance de de la fécondité et qui trouva son expression au Paléolithique et au Néolithique fut une dévotion dédiée à une seule déesse ou au contraire à plusieurs divinités qui personnifiaient et ordonnaient tous les aspects de la fécondité et de la génération. On peut toutefois affirmer en toute sécurité que ce furent des idées de cet ordre qui, à l'époque où débutaient au Proche-Orient antique l'agriculture et l'élevage, présidèrent à la personnification d'un ou de plusieurs êtres divins, bientôt de plus en plus nettement définis. Tout au début c'est, semble-t-il, sous l'aspect d'une Déesse Vierge, que de l'Inde à la Méditerranée, la divinité acquit une influence dominante." Écrit E.O. JAMES dans le Culte de la Déesse-Mère.

"Ici se sont les femmes qui détiennent le pouvoir, elles ne sont plus seulement des génitrices mais les principales productrices de la nourriture. En réalisant qu'il était possible de cultiver la terre tout autant que d'en cueillir les fruits, les femmes ont donné une valeur à la terre dont elles sont devenues les détentrices. C'est ainsi qu'elles acquirent un certain prestige et un pouvoir économique et sociale." D'après W. SCHMIDS, cité par Joseph CAMPBELL dans Primitive Mythology.

Nous trouvons le même pensée chez Mircea ELIADE dans Le sacré et le profane : "La femme est donc mystiquement solidarisée avec la Terre; l'enfantement se présente comme un variante, à l'échelle humaine, de la fertilité tellurique. Toute les expériences religieuses en relation avec la fécondité et la naissance ont une structure cosmique. La sacralité de la femme dépend de la sainteté de la Terre. La fécondité féminine a un modèle cosmique : celle de la Terra Mater, la Genitrix universelle.(...)". "Dans certaines religions, la Terre-Mère est imaginée capable de concevoir toute seule, sans l'aide d'un parèdre. On retrouve encore les traces de telles idées archaïques dans les mythes de parthénogenèse des déesses méditerranéennes. C'est une expression mythique de l'autosuffisance et de la fécondité de la Terre-Mère. A de telles conceptions mythiques correspondent les croyances relatives à la fécondité spontanée de la femme et à ses pouvoirs magico-religieux occultes qui exercent une influence décisive sur la vie des plantes. Le phénomène social et culturel connu sous le nom de "matriarcat" se rattache à la découverte de la culture des plantes alimentaires par la femme. C'est la femme qui cultiva, la première, les plantes alimentaires. C'est elle qui naturellement devient le propriétaire du sol et des récoltes. Les prestiges magico-religieux et, et par voie de conséquence, la prédominance sociale de la femme ont un modèle cosmique : la figure de la Terre-Mère."

Autre caractéristique de la société matrilinéaire, c'est que celle-ci se développe en une communauté régit sous le principe d'égalité, comme le souligne J. EVOLA dans Révolte contre le monde moderne : " De même que les feuilles ne naissent pas de l'une de l'autre, mais du tronc, de même, si c'est l'homme qui suscite la vie, celle-ci est effectivement donnée par la mère : telle est ici la prémisse. Ce n'est pas le fils qui perpétue la race; il a une existence purement individuelle limitée à la durée de sa vie terrestre. La continuité se trouve au contraire dans le principe féminin, maternel. D'où la conséquence que la femme, en tant que mère, se trouve au centre et à la base du droit de la gens ou de la famille et la transmission se fait par ligne féminine. Et si de la famille on passe au groupe social, on en arrive aux structures de type collectivisme et communiste : lorsqu'on invoque l'unité d'origine et le principe maternel, dont tout le monde descend d'égale manière, l'aequitas devient l'aequalitas, des rapports de fraternité universelle et d'égalité s'établissent spontanément, on affirme une sympathie qui ne connaît pas de limites ni de différences, une tendance à mettre en commun tout ce qu'on possède, et qu'on a d'ailleurs reçu comme cadeau de la Mère Terre."


GODLET - CREATION STEVE BENNET




Le Culte de la Déesse Mère



Le Culte de la Déesse Mère est caractérisé par plusieurs éléments qui se recoupent : les statues, les titres, les symboles (le serpent, la vache, la colombe et la hache à double tranchant), les prêtres eunuques, la relation qui unit la Déesse à Son fils/amant, la mort de celui-ci et les lamentations qui rappellent chaque année cette mort, l'accouplement sacré et les coutumes sexuelles du temple, et nous le retrouvons dans des régions aussi éloignées dans le temps et dans l'espace que l'étaient Sumer, la Grèce classique et Rome.

Lorsque de toute évidence , on découvrit le rôle important de l'homme et devient le géniteur, la Déesse fut accompagnée par un époux/frère/fils/amant. Cet époux , toujours jeune est appelé Damuzy, Tammuz, Attis, Adonis, Osiris ou Baal selon les langues, mourait en pleine jeunesse et était le plus souvent ramené a à la vie par la Déesse après maintes péripéties et surtout celle de descendre aux Enfers rechercher son bien aimé et tout cette légende symbolisait le cycle végétal.

Le professeur E.O JAMES nous donne une description des relations entre Déesse et Son fils/Amant, dans The Ancients Gods :
"C'est elle la responsable de la guérison et de la résurrection du jeune dieu dont dépend le renouveau de la nature. En dernière analyse, c'est bien Inanna/Ishtar et non Damuzi/Tammuz qui est la source primordiale de la vie et de son renouvellement, alors que le jeune dieu est utilisé comme instrument dans ce processus... Lorsqu'on commença à domestiquer les animaux, la fonction du mâle dans le processus de reproduction apparut plus clairement: on assigna alors à la Déesse Mère le rôle d'épouse, et c'est lui qui devint le géniteur, même si en Mésopotamie par exemple, il demeura le jeune fils/amant ou le serviteur. De l'Inde à la Méditerranée, s'étendait le règne de la déesse célibataire."

Nous trouvons le même développement en relation avec le cycle des saisons et de la végétation chez James FRAZER dans le Ramaux d'Or :
"Les trois divinités Adonis, Atys et Osiris (époux respectif des trois déesses Astarté, Cybèle et Isis) incarnaient les forces de la fertilité en général et de la végétation en particulier. Toutes trois passaient pour être mortes et s'être levées d'entre les morts; on représentait dramatiquement leur mort et leur résurrection à des fêtes annuelles que leurs fidèles célébraient avec des transports alternés de douleur et de joie, de larmes et d'allégresse triomphante.(...) Mais ces trois dieux n'étaient pas les seuls. La personnification mythique de la nature, dont ils étaient tout trois le produit, que chacun d'eux fût uni à une déesse et il semble qu'à l'origine, dans chaque cas, la déesse était un personnage plus important et plus puissant que le dieu. Du moins c'est toujours le dieu, et non la déesse, qui périt tristement et dont on pleure chaque année la mort. Osiris, par exemple, avait été tué par Typhon; mais son épouse divine Isis, lui survécut et le ramena à la vie. Ce détail du mythe semble indiquer que, dans le principe, Isis était, ainsi qu' Astarté et Cybèle ne cessèrent jamais d'être la divinité la plus puissante dans le couple. Or cette supériorité de la déesse sur le dieu s'explique le plus naturellement comme le résultat d'un système social dans lequel la maternité comptait plus que la paternité; la filiation s'y faisait par les femmes, la propriété s'y transmettait par les femmes plutôt que par les hommes."

Pour revenir aux pouvoirs "magico-religieux" du culte de la Déesse Mère liés à l'agriculture, et dont la femme est le réceptacle, nous abordons, les Mystères d'Eleusis. James FAZER, dans le Rameau d'Or, nous donne plus de précision sur ces mystères :
"Dans le mythe de Déméter et Perséphone, l'ancienne légende réapparaît, sous une autre forme et avec une application différente. En substance, le mythe est identique au mythe syrien d'Aphrodite (Astarté) et d'Adonis, ainsi qu'au mythe phrygien de Cybèle et d'Atys, et au mythe d'Isis et d'Osiris. Dans la légende grecque, comme celle d'Asie et d'Égypte, une déesse pleure la mort d'un être cher, qui personnifie la végétation, et plus particulièrement le blé; qui meurt en hiver pour renaître au printemps; mais tandis que l'imagination orientale représentait l'être aimé et perdu comme un amant ou un époux, l'imagination hellénique exprimait la même idée dans la forme plus touchante et plus pure d'une fille morte sur laquelle se lamente une mère éplorée".

Une analogie est faite entre le cycle des saisons et le cycle de mort et renaissance de l'âme. "A Eleusis, les mystères de Déméter - célébrés au début du printemps et en automne - comprenaient des rites secrets au cours desquels les initiés mouraient à leur vie passée avant de renaître à une nouvelle vie (entre-temps leur âme opérait un retour aux origines), revivant ainsi, de façon symbolique, la descente aux Enfers et le retour sur terre de la divinité, et ayant la révélation du fait que la vie n'a pas de fin, mais se transforme sans cesse, et que ce processus est personnifié à la fois par la Déesse, la nature et l'humanité ; le grain étant le symbole de cette vie éternelle." - La Grande Déesse-Mère - Shahkrukh Husain.



GODLET - CREATION STEVE BENNET